MAIS POURQUOI EST-CE QUE JE VOUS RACONTE CA...
Non, non, vous ne vous trompez pas. Ce n’est pas le blog Dorian, mais si je lui ai pris son titre, c’est avec son autorisation. Vous pensez bien, qu’autrement, j’aurais pas osé...
Donc, c’est dimanche, je ne vous donne pas de recette, c’est mon jour de bla-bla.
Je voudrais bien être Dorian car vous seriez scotchés devant votre écran. Pour autant, j’espère que vous ne me lâcherez pas avant la fin.
Comme vous pouvez vous en douter, je passe pas mal de temps dans mes casseroles mais pas seulement; je m’intéresse aussi à ce qui se passe dans le monde (ben oui) et le matin j’écoute souvent les informations à la radio et il y a donc 23 ans (je vous interdis de rire), je les écoutais déjà.
Bon, maintenant, souvent à l’heure des informations, je blogue alors je ne suis plus tellement au courant.
Enfin voilà, un matin de décembre 1983, RTL ronronnant dans mes oreilles, j’entends que le jeu qui va suivre propose un chef multi étoilé chez vous, si vous gagnez.
Je fonce sur mon téléphone, je compose le numéro entendu quelques secondes auparavant, il y a une sonnerie et une opératrice décroche et me dit d'une voix très "hôtesse de l'air" vous annonçant le départ de l'avion: « Nous allons vous poser 3 questions pour les sélections, si vous répondez bien vous pourrez jouer à l’antenne.
J’ai complètement oublié les questions qui étaient très, très difficiles, du style :
« De quoi est composée une sauce Béchamel ? » ou bien « L’osso-buco est-il un plat de viande ou de poisson ? ».
Enfin, j’ai été très bonne (forcément) et j’ai été retenue pour jouer.
On me demande de rester en ligne et ça duuure, ça duuuuure… Je suis toujours en robe de chambre, l’heure tourne et je suis vissée au téléphone.
Mon chien, Richard, (le seul basset artésien au monde qui a une patte Louis XV et une patte Louis XVI) a l’habitude de sortir faire sa promenade vers 9 heures, il me regarde, interrogateur, il ne comprend pas pourquoi on ne sort pas.
Image google.
M’enfin, un grand chef chez moi , ça vaut le coup d’essayer, tant pis si « Mirza » fait pipi dans la maison !
Je ne lui ai pas expliqué, pourtant, j’aurais du car il était très intelligent, mais il s’impatiente… et un basset artésien étant un chien courant, avec une belle voix de chien courant, vous vous imaginez le bruit!!!
La matinée s’écoule lentement, je n’ai pas d’interlocuteur (c’est long pour quelqu’un comme moi d’être une heure ou plus au téléphone sans parler), et si j’écoute par radio interposée les questions posées aux 6 ou 7 autres candidats, j’ai les pieds gelés.
Je vous l’ai dit, on est en décembre. Il n’est pas question de m’éloigner du téléphone, c’était un temps ou les sans-fils n’existaient pas (presque le moyen âge).
Si je m’éloigne, je pourrais ne pas entendre quand ça sera mon tour, surtout avec Richard qui "parle".
Ils se débrouillent plutôt bien, les autres. Il faut dire que les questions sont un peu du même niveau que celles des sélections mais si ils sont aussi tétanisés de trouille que moi, (causer dans le poste, ça impressionne) ça ne doit pas aider.
Et, voilà, il est presque 11 heures, C’EST MON TOUR.
J’ai tout oublié, juste qu’il y avait une question au sujet de la baudroie, il fallait savoir que c’est l’autre nom de la lotte et puis,… j’ai gagné. Normal, j’ai encore été très bonne ! ! !
Ils vont me rappeler, qu’ils ont dit.
Cette fois, je me dépêche, Richard passe encore au second plan, il ne comprend toujours pas.
C’est l’heure d’aller chercher les enfants à l’école et puis, comme vous l’imaginez, il n’y a rien de prêt pour le déjeuner.
Monsieur Mamina qui ne s’appelle encore pas comme ça, n’aurait pas aimé que ses filles attendent comme des orphelines à la sortie de l’école et puis, il n’aurait pas aimé pas non plus repartir au boulot le ventre vide. C'est pas dans les habitudes de la maison ! ! !
Ouf, je récupère les enfants, je fais cuire des pâtes rapidement et là : je raconte…
Les questions fusent. T’as gagné, quand est-ce qu’il vient ?
Le plus fort, c’est que je ne sais rien. Je n’ai aucun détail sauf que nous pouvons être dix à table.
Ils vont me rappeler qu’ils ont dit.
Ils l’ont dit, mais ils ne rappellent pas.
Ni ce jour là, ni le lendemain , ni encore le jour d’après. Alors, moi, j’appelle…
Ils vont me rappeler qu’ils disent encore. Je ne sais toujours rien.
Peut-être que ce n’est même pas vrai, peut-être que j'ai juste rêvé que Bocuse venait dans mon salon...
Huit jours plus tard, un coup de fil m’annonce enfin que c’est pour le 23 décembre, Môssieur Bocuse arrivera en avion (il ne va pas être déçu par notre aéroport de classe internationale !) avec son sommelier, ses cuistots et son maître d’hôtel, rien que ça !
Ce jour-là, il y a un brouillard à couper au couteau à Bourges, mais si, n’ayez pas peur (moi, j’ai eu peur que ce soit annulé), il est quand même venu et il y avait vraiment un sommelier, un cuistot et un maître d’hôtel. Tout ça pour moi…
Il est là, on s’embrasse comme si on se connaissait depuis toujours et là… je lui montre ma cuisine : c’est comme pour l’aéroport, il n’est pas déçu !
On sonne à la porte, je vais ouvrir aux invités qui arrivent, je retourne voir le Chef Bocuse… il est en petite tenue dans ma cuisine, pourtant je vous assure, il y a bien une salle de bains chez moi, mais il n’a pas demandé et je n’ai pas eu le temps de proposer...
Le voilà prêt en habit de cuisinier… il est tout beau avec sa toque, impressionnant dans ma cuisine, il utilise MES casseroles, enfin, il cuisine ce qu’il a apporté dans mes casseroles.
Plutôt sympa, le Bocuse, il a posé avec chacun de nous pour les photos, il nous a parlé de ses projets et on avait souvent un peu l’impression qu’il pensait surtout à ce qu’il ferait le lendemain.
D’ailleurs quand il a dédicacé ses livres pour tout le monde, il les a datés de décembre l’année d’après ! ! !
Quand je vous dis qu’il vivait dans demain.
Je vous dis quand même ce qu’on a mangé, mais sincèrement, ce n’était pas le plus important. :
En entrée : bar accompagné d’une sauce choron (béarnaise tomatée).
Ensuite il y avait du coq au Chambertin, des pâtes fraîches et des épinards.
Les fromages venaient tout droit de chez la Mère Richard à Lyon et le dessert, très, très chocolat (gâteau du président) de Maurice Bernachon grand chocolatier lyonnais devant l’Éternel dont le fils n’est autre que le gendre du Pape Bocuse.
Bocuse, dans les années 80, c’était la figure de la gastronomie française, c’est lui qui a fait évoluer la cuisine, à l’époque, on rêvait tous d’aller dîner chez lui, sa visite chez vous auriez pu la rêver, moi, JE L’AI EUE ! ! !
Mais pourquoi est-ce que je vous ai raconté tout ça?
Tout simplement parce que c'est un grand souvenir.
Bon dimanche à tout le monde.